Le 20 avril 2017
Nous quittons Salvacion très tôt en 4*4. Assis ou plutôt agrippés à l’arrière à l’air libre nous pouvons observer les oiseaux et autres animaux, c’est génial. Willy notre hôte, nous montre les différents types d’oiseaux, nous apercevons très rapidement des singes qui sautent de branches en branches. Nous nous enfonçons dans la forêt, les arbres sont immenses.
Nous arrivons au village, de nombreuses maisons en bois et en terre sont éparpillées autour de 2 ou 3 pistes. Nous entrons dans la maison de Willy, c’est la maison de son père aujourd’hui décédé. À l’entrée une petite exposition de crânes nous accueille. Il y a notamment de nombreux crânes de singes allant de la taille du pouce à la taille du poing et ressemblant étrangement à nos crânes. Il y a aussi une peau d’anaconda épinglée sur une planche et deux ou trois crânes d’alligators, bref de quoi rassurer le touriste !
La maison est simple mais belle, plancher et cloisons en bois, quelques moustiquaires aux fenêtres, ce qui est étrange car un espace important réside entre le toit et les pièces, il n’y a pas de plafond ! Des peintures sont accrochées au mur ainsi que des sculptures et de nombreuses flèches colorées. Willy demande un coup de main pour cuisiner, je me lance. On cuisine un morceau d’oiseau avec des oignons, de l’ail, des bananes plantains et du riz. Il a chassé l’oiseau dans la forêt quelques jours avant, il nous montre ensuite une photo il s’agit d’une sorte de très grosse poule noire. Fumée, la chair est très goûteuse mais aussi très ferme. Nous mangeons ça en guise de petit déjeuner et partons ensuite dans la forêt.
Il exploite avec sa famille une belle surface dans la forêt, il y a un petit lac dans lequel il élève des poissons pour la fête de la communauté et des plantations: pommes de terre, yucca, bananes, ananas, palmiers… Pour ramasser les yuccas il nous équipe de machettes car il faut défricher la végétation qui s’est installée. C’est une drôle d’expérience. Rémi a la chance d’être recruté ensuite pour aller couper un palmier, sans explications il suit Willy sur un sentier pendant un bon moment au milieu de la forêt avant de s’arrêter pour couper l’arbre. Le bois du palmier est très dur, les coups de machette résonnent dessus comme sur de la pierre. Ils récupèrent le cœur de l’arbre ainsi que ses fruits rouges.
De mon côté j’observe la vue près du petit lac, il y a deux petites cahutes en bois l’une est fermée on peut y dormir dans deux hamacs, l’autre est ouverte. La vue sur la forêt est très belle et j’ai la chance de voir un singe faire des acrobaties au loin. Il fait très chaud, les australiennes sont affamées, nous rentrons au village pour déjeuner. L’après midi nous restons au calme, un anthropologue de passage qui étudie la communauté depuis une cinquantaine d’années se joint à nous, il a très bien connu le père de Willy, ses récits sont passionnants.
Les soirées sont courtes ici il fait nuit noire à 17h30, heureusement le village s’illumine à 18h. Toutes les lumières s’allument d’un coup, l’électricité fonctionne uniquement 3h par jour. La musique se fait entendre, on a l’impression que la fête commence mais non les villageois profitent simplement de l’électricité. À 21h tout s’éteint, et peu à peu tout devient calme.
Nous mangeons beaucoup de produits de la forêt, les fruits du palmier sont très nourrissants, leurs cœurs délicieux, les pommes de terre très fortes en goût et les bananes particulièrement fondantes. Il y a deux petites boutiques dans le village où on trouve le strict nécessaire, il n’y a pas de stock. Parfois c’est la pénurie de bière et cela semble difficile pour les hommes du village !
Des poules se promènent partout, il n’y a aucune clôture, les villageois traversent le village en passant entre les maisons sans emprunter de chemin. L’un a un oranger, l’autre un bananier et les fruits s’échangent ou se vendent au gré des besoins. Le fleuve Madre de Dios longe le village mais assez peu de personnes emprunte les barques, le transport coûte cher. De l’autre côté de la rive c’est la forêt primaire, il y a une tribu de nomades qui occupent la zone, l’anthropologue américain nous explique qu’ils ne sont pas répertoriés mais qu’ils ont été localisé depuis peu et que certains scientifiques tentent de les approcher pour les étudier. Ils sont apparemment assez agressifs tout ça ne donne pas très envie d’emprunter le radeau de fortune de notre hôte pour traverser le fleuve.
Nous n’avons pas très envie de travailler dans la jungle, le contact avec Willy est assez particulier et il n’est pas très pédagogue. Nous décidons quand même d’aller y balader avec nos trois amies de voyage. Rémi ouvre la marche avec une machette. C’est vraiment impressionnant, les arbres sont immenses, les lianes partout, des petits bruits ici et là. Nous avons l’impression de suivre un sentier mais ce n’est pas vraiment le cas et le GPS est complètement perdu. L’ambiance n’est pas très rassurante, malgré le beau temps il fait très sombre avec la végétation, nous préférons rester prudents et d’un commun accord nous rebroussons chemin assez rapidement.
Nous rentrons déjeuner à la maison, les australiennes aiment bien cuisiner c’est bien agréable de partager les repas tous ensemble. L’après-midi nous faisons des activités manuelles, du macramé, des bracelets avec des graines de la forêt. Rémi construit une étagère avec une chignole ancestrale, il est trempé, la chaleur est étouffante… Heureusement il y a des hamacs à l’ombre qui sont bien agréables.
Après quelques jours nous quittons ce bout du monde, il nous faudra pas moins de 15h dont 5h bloqués par un éboulement sur la route pour retrouver la civilisation. Le combi est comme d’habitude très « spacieux » et pas du tout chargé et en plus nous sommes à l’arrière ! Nos genoux touchent le siège devant et cela secoue tellement qu’il est quasiment impossible de s’assoupir. Heureusement nous avons des écouteurs et c’est Brassens qui nous accompagne sur ce chemin plus que chaotique…
Nous arrivons à San Sébastian complètement épuisés, nous trouvons un hôtel de fortune pour passer la nuit.
23 avril 2017
Après ça nous passons deux jours pour reprendre nos esprits et laver nos affaires à Cuzco. Nous organisons une petite soirée électorale sur notre terrasse favorite avec un couple de français que nous avions laissé à notre départ dans la forêt. Ils attendaient avec impatience le récit de nos aventures et ils ne sont pas déçus ! Nous avons le résultat du premier tour de l’élection présidentielle dans l’après midi, ce n’est pas réjouissant mais c’est bien agréable de partager ce moment avec d’autres français.