Le 12 avril 2017
Il pleut toujours des trombes nous restons un peu au lit avant de nous décider à partir quand même. Nous prenons le petit déjeuner au marché, un magnifique jus de fruits frais, un sandwich à l’avocat et un maté ou un cafécito selon la formule et nous voilà d’attaque !
En recherche de provision, je demande à une mamie adorable si elle est d’accord pour nous faire des sandwichs à l’œuf pour notre randonnée. Ni une ni deux elle court chercher du pain, puis des œufs et revient à son stand nous préparer tout ça. J’achète de la coca pour faire des infusions, des tomates, il ne manque que le pain mais impossible d’en trouver au marché. Nous allons voir dans les boutiques du centre du village mais personne n’en a ! Une vendeuse finit par nous expliquer qu’ils ont un souci de livraison aujourd’hui et que tout le monde en cherche ! C’est bien notre veine nous qui en voulions une grande quantité pour la randonnée… Nous tournons un petit moment avant d’assister à la livraison, nous peaufinons nos sacs et nous voilà prêts. Nous nous rendons au point de départ pour Collpapampa, chaque destination à son lieu de départ, là il s’agit d’une ruelle pas très animée. Quelques jeunes discutent à l’abri de la pluie, après quelques négociations l’un d’entre eux accepte de nous amener à Playa qui se trouve à mi chemin de notre destination. De là apparemment il sera facile d’aller à Collpapampa avec un autre taxi.
Après un trajet sur une piste entourée de bananiers et autres plantes tropicales nous arrivons à Playa. Nous allons voir deux vieux messieurs assis sur un banc pour leur demander comment procéder pour poursuivre notre trajet et c’est là que débute un gros quiproquo: il nous parle de « derrumbe » nous pensons que « rumbe » est une ville alors qu’en fait “derrumbe” signifie glissement de terrain et ces messieurs nous expliquent qu’avec la forte pluie une partie de la route s’est effondrée… La discussion tourne en rond un bon moment. Nous allons voir d’autres hommes qui attendent près des combis et là je comprends enfin de quoi il retourne et nous partons donc à pieds.
Effectivement après une petite heure de marche nous arrivons à l’endroit de l’accident, d’énormes pierres barrent la route. Nous poursuivons à pied jusqu’à ce qu’un jeune nous rattrape en courant pour nous proposer de nous monter à Collpapampa, nous grimpons dans son tas de ferraille et cette fois ci ce n’est pas qu’une expression, on voit la route à travers le coffre, cela nous encourage après chaque grosse secousse à vérifier que nos sacs sont toujours là. Nous traversons de nombreux ruisseaux, le paysage est très joli et la musique qu’il écoute est très typique, le trajet est finalement bien agréable.
Le petit village de Collpapampa est adorable, quelques maisons perchées dans une petite vallée, un torrent important qui serpente en contrebas, quelques chiens et quelques poules de ci de là qui font leur vie.
Il se remet à pleuvoir. Nous marchons sur une piste, nous sommes à 2700 mètres et c’est étrange car la végétation est luxuriante, l’eau est partout et circule en formant des petits ruisseaux, l’ensemble est de ce fait très boueux, heureusement notre équipement nous permet de rester bien au sec. La piste se transforme en sentier et nous commençons officiellement la douce grimpette vers le mont Salkantay qui culmine à 6271 mètres. Nous n’irons bien sûr pas au sommet mais au col à proximité. Nous croisons un très grand nombre de mules chargées avec les affaires des touristes mais aussi quelques grands groupes avec guides, tous très étonnés de nous voir grimper dans ce sens.
La brume envahit les montagnes et notre champ de vision se limite au chemin et à la végétation très variée qui l’entoure. Il y a beaucoup de plantes tropicales et de belles fleurs notamment diverses variétés d’orchidées. Nous dépassons plusieurs campements avec l’objectif de dormir à 3900 mètres pour avoir fait la majeure partie du dénivelé le premier jour. Sans trop de difficultés, nous arrivons au dernier grand campement avant le col, il y a là un hôtel ainsi que quelques petites baraques de fortune.
Nous nous approchons de l’hôtel dans l’espoir d’y trouver une boisson chaude. Par économie de poids mais aussi parce que nous n’avions pas prévu de faire ce trek, nous avons laissé notre réchaud à Cuzco.
Le propriétaire sort de l’hôtel et nous explique que c’est un hôtel privatisé et qu’il ne peut pas nous vendre une boisson. Il nous conduit à une grange ouverte pour que nous puissions camper au sec.
Après avoir monté le camp, nous partons faire un tour pour voir si il y a de la vie dans les petites baraques et surtout un peu de chaleur. La brume est partout, on aperçoit de la neige et la température n’est vraiment pas élevée.
Nous rentrons bredouille mais notre gentil hôte nous attends à côté de la tente, nous discutons rapidement et il nous rapporte un énorme pot à eau d’eau bouillante. Je m’empresse d’y mettre des feuilles de coca. C’est merveilleux comme cela nous réchauffe.
Le 13 avril 2017
Le temps est toujours couvert mais plein d’espoir nous voilà partis pour la dernière grimpette jusqu’au col. La montée est longue, le temps ne change pas, le moral baisse… J’ai le temps de glisser dans la boue, mâcher des feuilles de coca, m’arrêter pour laisser passer les mules ou des touristes qui descendent un paquet de fois avant d’enfin atteindre le point culminant à 4670 mètres.
Nous n’avons malheureusement aucune visibilité sur le sommet, les magnifiques montagnes et les glaciers qui nous entourent. La brume est partout. Nous mangeons quand même notre petite barre chocolatée gardée précieusement pour fêter l’arrivée au col et nous rions car nous croisons d’autres français qui eux aussi se consolent avec du chocolat avant de poursuivre leur chemin dans l’autre sens.
Nous redescendons sous une pluie glacée, c’est à cet instant que nous décidons de nous acheter des moufles pour la prochaine randonnée. Arrivés au village nous grimpons tout de suite dans un minibus avec un groupe pour le petit village de Mollepata. Le gigantesque Salkantay et son voisin, un grand glacier, apparaissent quelques minutes et sur une toute petite fenêtre comme un clin d’œil avant notre départ. La vue est incroyable, il semble tellement grand.
Le village de Mollepata est charmant, entouré de montagnes, l’atmosphère est très paisible. Beaucoup d’habitants sont sur la place centrale, carrée avec un petit square au centre comme dans la plupart des villages. Une femme fait cuire des beignets qu’elle nappe d’une sauce sucrée, une autre prépare son fourneau pour les anticucchos du soir. Quelques personnes sont assises en ringuette et observent le mouvement. La végétation a complètement changé depuis le col et est redevenue plus sèche et moins exotique.
Notre hôtel est très propre mais nous ne tardons pas à en faire une porcherie, nous n’avions pas réalisé mais nos affaires sont couvertes de boue… Nous mangeons au resto de l’hôtel un« lomo saltado ». C’est un plat composé de lamelles de bœuf sautées dans un wok avec de l’oignon rouge, des tomates, des frites et qui est traditionnellement servi avec du riz blanc, c’est très complet mais goûteux, nous apprécions un repas bien chaud et consistant.
Le 14 avril 2017
Nous nous levons tôt pour prendre un bus pour Cuzco. Un mini van nous emmène, la route est belle. À Cuzco nous allons directement à l’auberge San Cristobal. Nous commençons à avoir nos habitudes, c’est l’hôtel très vieillot mais sympathique, nous échappons de peu à la chambre 8… C’est la première chambre que nous ayons eu dans laquelle l’eau et l’électricité se côtoient de très près…
Après avoir déposé nos sacs nous nous dirigeons vers le sympathique marché San Pedro, aujourd’hui ça sera: arroz à la cubana ! C’est à dire: riz, œuf, banane plantain et avocat, un mélange plutôt sympathique et très consistant, végétarien oblige, c’est vendredi saint.