Le 20 mai 2017
À la Paz nous retrouvons nos amis hollandais pour déjeuner, un peu lassés par les plats boliviens à base de frites riz maïs et viande nous nous retrouvons dans un restaurant italien. Il y a de l’huile d’olive dans la soupe et c’est la première fois que nous en mangeons ici, quelle émotion pour nos papilles ! Nous décidons de partir marcher trois jours ensemble, pas très habitués au bivouac Fana et Bindert nous ont chargé de choisir un itinéraire accessible. Rémi a trouvé un trek assez original puisqu’il démarre sur l’Altiplano de la Cordillère Royale à 4600 mètres et se termine dans la forêt tropicale à 1200 mètres. Après un petit briefing nous sommes quasiment prêts pour partir marcher et nous nous donnons rendez vous le lendemain matin sur la place du marché.
Le 21 mai 2017
Une fois n’est pas coutume nous prenons un petit déjeuner à emporter chez notre mamita favorite, elle emballe nos sandwichs précautionneusement et verse le café dans un sac plastique qu’elle ferme autour d’une paille, la première fois ça fait un drôle d’effet mais à ce stade du voyage nous sommes habitués. Un taxi nous conduit au départ des collectivos qui se rendent à notre point de départ. Il y a beaucoup de mini bus car il s’agit du même point de départ que celui d’une descente à vélo très réputée en Bolivie: la descente de la mort ! Les cyclistes empruntent la route la plus meurtrière du pays qui est depuis quelques années fermée à la circulation. Les sensations sont garanties !
Nous arrivons donc au col de la Cumbre à 4600 mètres. Le paysage est complètement minéral, la haute montagne ressemble à celle que l’on peut la rencontrer chez nous mais l’étendue de l’Altiplano ajoute quelque chose de lunaire.
Nous grimpons quelques centaines de mètres, nous croisons un muletier et sa femme qui tentent de nous parler Aymara, l’un des deux dialectes de la région mais comprennent vite qu’ils ne pourront rien tirer de nous. Nous entamons la descente, notre amie Fana n’est pas très en forme, nous allégeons beaucoup son sac à dos et nous nous arrêtons souvent, elle semble avoir un peu le mal des montagnes mais comme nous perdons progressivement de l’altitude nous ne sommes pas inquiets.
La brume s’abat sur la montagne et nous ne parvenons plus à voir les troupeaux de lamas au loin ni le chemin qui serpente dans la vallée. Nous rejoignons vite un joli torrent et le temps se lève un peu c’est bien plus agréable, des petites ruines sont éparpillées et nous laissent penser qu’il y avait sûrement autrefois un petit village isolé ici.
En fin d’après-midi nous arrivons dans un village, un vrai, il y a une école et à notre arrivée des enfants s’empressent de venir nous demander des “dulces” (douceurs). Par chance j’ai des sucettes dans ma poche, leurs yeux brillent et ils s’assoient avec nous pour discuter un moment.
Nous nous remettons en route sur un chemin pavé et glissant, il fait humide et la végétation commence à apparaître. Il fait presque nuit quand nous arrivons à Challapampa, un joli camping est aménagé au bord du torrent. Une mamita nous accueille, avec ses deux petits-fils hauts comme trois pommes.
Notre réchaud à essence nous lâche la pompe ne fonctionne plus, pas terrible pour manger du quinoa et du bœuf. Nous grillons le bœuf tant bien que mal et grignotons le pique-nique du lendemain. De magnifiques papillons de nuits voltigent autour de nous certains sont énormes et ont des ocelles impressionnantes. Ces cercles dorés au centre noir qui ressemblent tant à des yeux. Il paraît que le mimétisme effraie vraiment les oiseaux, en revanche il ne semble pas effrayer les chats qui sautent dans tous les sens pour les attraper…
Le 22 mai 2017
Le soleil se lève à peine et le coq chante à quelques centimètres de l’entrée de la tente, Rémi est ravi et au quatrième chant, un paquet de quinoa voltige en dehors de la tente. Ah ces citadins ! Ceci dit cela calme le volatile qui n’a pas dû passer bien loin…
Nous nous mettons en route sur un petit sentier adorable le plus souvent ombragé par une végétation désormais abondante. Des petits colibris butinent de ci de là à une vitesse folle, c’est adorable à observer. À midi nous nous arrêtons chez un muletier qui nous apporte de l’eau bouillante, ça nous permet de boire du café mais aussi de manger nos pâtes. Nous traversons un pont suspendu digne d’Indiana Jones, nous rions mais une fois passé on pense au fond de nous “sauvé pour un coup”.
Il commence à faire chaud et vraiment humide, de plus en plus de petits bruits se font entendre, de nombreux oiseaux chantent. Nous terminons la journée avec deux sympathiques françaises croisées en chemin, ce sont d’ailleurs les premières touristes que nous rencontrons.
Nous arrivons à un lieu de camping abrité, ça tombe bien car le ciel est très couvert. Après avoir planté la tente, nous cherchons du bois sec pour faire un petit feu, et c’est là qu’en attrapant des feuilles mortes j’aperçois ma première mygale, bon non ce n’est pas une mygale mais une araignée géante. Elle est là, agrippée au tronc d’un arbre. Elle est aussi large que le tronc, quasiment comme mon visage. Sans vraiment crier je crois bien avoir pu sortir tous les gros mots anglais, espagnol et bien sur français que je connaissais.
Après ça le lieu me paraît bien moins sympathique, avec le temps je me détends un peu et l’ambiance du feu est bien agréable. Nous discutons tranquillement quand j’aperçois une petite ombre juste à côté de moi, je crois d’abord apercevoir une souris mais en pointant ma lampe frontale dessus je vois une deuxième araignée géante, elle s’arrête au milieu de nous pour observer le feu. Cette fois la détente est terminée pour moi, il fait nuit noire et je vérifie à peu près chaque deux minutes qu’aucun monstre ne grimpe sur mes pieds. Avec quelques difficultés je me glisse dans la tente que j’ai planté sans vraiment prêter attention aux bestioles, puis je finis par m’endormir car comme dit mon père « ce n’est pas la « petite » bête qui mange la grosse »…
Nous nous levons avec la pluie, sur le chemin la forêt ruisselle, étrangement ma frayeur de la veille s’est envolé avec le jour et si j’y pense encore par moment cela ne m’empêche pas d’ouvrir la route, souvent grignotée par la végétation, avec un grand bâton. Rémi lui ferme la marche, cela nous permet d’encourager nos amis qui ont un rythme assez lent. Nous passons encore un pont périlleux et nous voilà arrivés à un tout petit hameau. Un homme vend quelques victuailles dans une cabane minuscule. Cela nous dépanne bien parce qu’avec cette histoire de réchaud nous sommes un peu à court de nourriture. Ses bananes sont délicieuses et nous redonnent de l’énergie pour poursuivre cette journée un peu longue sous la pluie.
Le soir nous arrivons à Coroico, nous sommes bien contents de dormir au sec après un repas chaud.
Le 23 mai 2017
A notre retour nous trouvons la neige sur la route et à la Paz le temps est maussade et glacial. Nous qui souhaitions attendre le beau temps pour grimper sur un sommet de la cordillère royale c’est raté! Nous décidons de nous attaquer à l’un des volcans proche d’Arequipa, là-bas le temps est plus sec en cette saison.
Après une journée de rangement, de repos et de lessive, nous décidons de repartir au Pérou. Nous dînons une dernière fois avec nos amis à qui nous souhaitons le meilleur pour la suite, il leur reste encore quelques mois de voyage et cette fois nous sommes sûrs de ne plus nous croiser.
Le 24 mai 2017
Nous faisons nos adieux à la gentille famille qui tenait l’hôtel dans lequel nous avons fait tant de va et vient à la Paz, nous leur offrons un petit opinel pour les remercier de leur accueil et de nous avoir gardé nos affaires pendant nos diverses escapades, le patron est ravi.
Nous embarquons pour Arequipa.