Le 8 avril 2017
Nous nous rendons donc à la gare routière de Cuzco pour prendre un bus pour Santa Maria, petite ville incontournable pour se rendre au lieu sacré. A la gare une jeune femme très excitée nous dit que le bus de sa compagnie part tout de suite et tout en brandissant son carnet de tickets elle nous encourage fortement à la suivre en courant pour attraper le bus. Rémi n’apprécie pas trop sa façon de faire, elle est survoltée et arrivée dans la rue, elle arrête un taxi pour nous en lui demandant de poursuivre le bus qui est au carrefour suivant ! Là c’en est trop, nous lui faisons savoir que cela ne nous convient pas. Pour les courses poursuites on va attendre un peu ! Nous retournons donc tranquillement dans la gare pour prendre un ticket pour le prochain bus avec une autre compagnie.
En attendant sur les quais nous sympathisons avec un couple de personnes âgées, le monsieur charge des sacs de jute très lourds dans le bus, il apprécie beaucoup notre coup de main. Nous discutons de tout et de rien, ils sont curieux de notre vie en Europe et nous essayons avec notre espagnol approximatif de les faire voyager un peu à leurs tour.
Et voilà l’heure du départ, c’est tout un périple qui nous attend ! Nous grimpons donc dans le bus qui nous amène en environ six heures à Santa Maria. Nous traversons la vallée sacrée, les paysages sont magnifiques les montagnes immenses et les pentes très abruptes. Tout est très vert, la végétation couvre complètement les montagnes et il est difficile de distinguer de quoi elle est composée, c’est très uniforme vu de loin. Dans le bus l’ambiance est calme malgré la musique entraînante, les péruviens dorment ou chiquent de la coca parfois en discutant un peu.
Arrivés à Santa Maria nous sautons dans un collectivos pour Santa Teresa. Le minibus part tout de suite, alors nous suivons le mouvement ! Le trajet est assez court, une petite heure mais c’est une piste très périlleuse, il y a de la boue partout et le ravin est profond. Au fond du combi nous passons par toutes les couleurs mais finalement nous arrivons à destination.
Nous marchons jusqu’aux bains chauds de Colcamayo en contrebas de la petite ville de Santa Teresa. Le camping est fermé à cause des pluies, ce qui explique aussi l’état de la piste que nous venons d’emprunter…
Après quelques négociations, nous nous décidons à prendre une chambre qui domine les bains chauds. Un aras magnifique nous accueille, le lodge est très joli il y a une grande baie vitrée et une vue sur le fleuve et les montagnes gigantesques qui nous entourent. Coté végétation c’est un peu la jungle ici. Nous enfilons nos maillots et descendons nous baigner. L’eau est à 35 degrés, nous sirotons un cocktail et il faut bien avouer que tout cela a un air de paradis.
On fait trempette de nombreuses fois avant de se décider à aller pique niquer. La gérante du lodge vient s’installer à notre table et nous explique comment elle a appris à parler à son oiseau.
Le 9 avril 2017
Après une bonne nuit de sommeil, nous remontons à pied vers le village de Santa Teresa.
Nous nous installons dans un café pour bénéficier d’une connexion wifi puis nous déjeunons dans l’adorable petit marché local, un repas simple mais bon, cuisiné par une petite dame âgée très sympathique. Nous achetons quelques provisions pour notre visite du Machu Picchu, du pain, un avocat délicieux et du fromage insipide, pour changer. Nous embarquons dans un collectivos pour “La Hidroelectrica”. La fameuse station électrique depuis laquelle partent tous les touristes qui souhaitent se rendre au Machu Picchu à pied et éviter ainsi de payer 60€ pour effectuer 15 km en train.
Arrivés là bas c’est la cohue, du monde partout, c’est tout simplement ahurissant de voir autant de monde dans cet endroit au milieu de nulle part.
Nous nous mettons en route pour Aguas Calientes. L’alternative consiste donc à marcher au bord de la voie ferrée. C’est une véritable autoroute ! Certains marchent en groupe sur les rails, un flot incessant de touristes défile chaque jour ici. Il n’y a pas d’autre chemin car la vallée est très encaissée. La végétation est tropicale, beaucoup de bananes, de palmiers, de fleurs et de feuilles énormes. Nous apercevons plusieurs oiseaux colorés. L’ambiance est assez étrange, on ressent une certaine excitation à l’approche du fameux Machu et à la fois marcher au bord des rails sur des cailloux ce n’est pas le rêve. Nous nous installons au camping municipal.
Le 10 avril 2017
Le réveil sonne, par chance il ne pleut pas, le camping est juste à côté du pont qui permet d’accéder au Machu Picchu. Première étape: contrôle des billets, nous attendons notre tour dans une file d’attente ou seules les lampes frontales permettent d’y voir un petit peu. Il est 5h c’est parti pour la montée des marches et 400 mètres de dénivelé que l’on fait assez vite, malgré ça à notre arrivée le soleil s’est presque entièrement levé. Dès l’entrée la vue est impressionnante, une grande cité s’offre à nous. La brume nous permet de découvrir le lieu peu à peu, ça rend le moment magique et émouvant.
Le site se divise en deux zones, une zone agricole composée de différentes terrasses qui permettaient la culture du maïs, de la pomme de terre et une zone urbaine. La zone urbaine comprend de nombreux temples et lieux sacrés et notamment le temple de l’eau, du soleil, la tombe royale, la place sacrée. Le tout forme un ensemble incroyablement harmonieux. Des lamas déambulent librement et n’hésitent pas à grappiller quelques restes de pique nique.
Nous grimpons 600 mètres plus haut sur la Montaña, beaucoup de fleurs et de magnifiques papillons égayent le chemin. Là haut la vue n’est pas complètement dégagée mais nous voyons assez bien les montagnes alentours et la cité Inca toute petite en contrebas. Nous finissons la visite sous un soleil brûlant, il y a un monde fou, nous ne regrettons pas notre réveil matinal.
Nous redescendons doucement au camping. Après une douche froide dans des sanitaires qui regorgent d’insectes étranges, notamment une sorte de phasme rentrant à peine dans un lavabo… nous nous délassons un peu au bord du torrent qui longe le terrain.
Après avoir repris quelques forces nous reprenons la route vers le village pour trouver un petit restaurant typique, ce qui n’est pas évident à dégoter car les rues débordent de rabatteurs qui cherchent à nous attirer dans leurs pièges à touristes. Nous finissons par trouver un petit restaurant classique dans lequel nous mangeons un plat copieux pour pas grand-chose. Après un maté bien chaud nous rentrons à la tente où nous apprécions de nous coucher tôt. Il pleut des trombes la nuit, le torrent qui passe à quelques mètres de la tente fait un bruit assourdissant et le chien du gardien aboie par intermittence mais tout cela ne nous empêche pas de dormir pratiquement 11h.
Le 11 avril 2017
Il pleut encore à verse, nous enfilons nos ponchos et nous partons à Aguas Calientes en espérant trouver un moyen de rejoindre Cuzco sans repasser par le chemin puis la route de la mort qui doit être bien détrempée… Mais que nenni… ! Nous devons reprendre le chemin qui longe la voie ferrée. Pour nous donner du courage et aussi pour laisser un peu passer l’averse, nous faisons une pause pain au raisin et pain au chocolat à la boulangerie de Paris, on doit bien avouer que c’est délicieux. Rémi boit son premier vrai café, en tout cas un café qui ressemble à ceux que l’on boit en France, il est ravi.
Il pleut toujours mais nous décidons de nous lancer quand même. Le retour est finalement moins pénible que l’aller, nous le faisons peut-être plus vite. Arrivés à la station électrique nous prenons un taxi pour Santa Teresa le conducteur peu loquace mais efficace nous amène directement dans un hôtel propre et pas cher.
Les sacs posés, nous filons vite au marché pour manger une truite préparée par une mamita très souriante. Il est déjà 13h30 et plusieurs stands commencent à fermer. Une vieille carte touristique est affichée devant nous, Rémi repère le Salkantay, qui est un trek très réputé et non loin d’ici. Nous décidons de rentrer à l’hôtel pour étudier cette option qui nous permettrait de ne pas reprendre la piste périlleuse que nous avons dû emprunter à l’aller.
Après réflexion nous décidons donc de prolonger notre séjour dans la vallée sacrée en faisant la randonnée du Salkantay. Habituellement le point d’arrivée de la randonnée est le Machu Picchu, nous allons donc la faire à l’envers.
Il pleut très fort, quasiment toute la nuit, jusqu’à tard nous entendons la musique du bar voisin, il fait chaud, une chaleur humide, Rémi n’est pas très content. A trois heures du matin le coq commence à chanter et son chant s’intensifie vers cinq heures… A six heures c’en est trop, après avoir dit quatre ou cinq fois en grognant qu’il allait lui faire la peau, Rémi se lève d’un bond pour aller lui botter le derrière. Je tente de le dissuader en lui expliquant que le coq est dans son droit mais rien n’y fait le voilà debout en caleçon à la recherche d’une chaussure… Il sort en trombe de la chambre et j’entends résonner dans l’escalier ” donde esta el pollo ?? ” (Où est le poulet ? ) Le fou rire me prend. Il revient dans la chambre l’air dépité et aperçoit le coq par la fenêtre il est dans une petite cour intérieure chez les voisins…