Le 14 mars 2017
A 6h le réveil sonne, la brume a complètement envahi le village de Cabanaconde, nous nous recouchons donc pour 2h. Après un petit déjeuner copieux, la brume ne s’est pas dissipée mais nous partons sous les encouragements de nos amis pour descendre dans le canyon. Un petit chien nous suit.
Nous arrivons à un premier belvédère en bois, la brume est toujours là, nous ne voyons rien, à peine le chemin sur lequel nous sommes, il n’y a personne. Nous entamons la descente, le chemin devient de plus en raide, les nuages bougent et laissent parfois entrevoir des falaises, le paysage semble merveilleux et nous commençons à reprendre espoir.
La végétation est assez sèche, avec notamment beaucoup de cactus qui regorgent de tunas (fruit très apprécié par ici), peu à peu les nuages laissent apparaître la rivière de Colca qui coule plus de 1000 mètres plus bas. Le soleil apparaît et la descente devient chaude et s’avère assez longue dans les rochers où il ne vaut mieux pas glisser. Le paysage est à couper le souffle, je suis obligée de m’arrêter à de nombreuses reprises pour être sûre que ce n’est pas un rêve.
Nous traversons la rivière, du pont nous apercevons la fumée d’un geyser au loin, un chemin permet de s’en approcher mais nous décidons de poursuivre car il nous reste quelques kilomètres et les après-midi sont souvent pluvieuses alors si l’on peut arriver avant l’averse c’est mieux. Nous arrivons au premier hameau, une femme habillée en costume traditionnel est assise dans son jardin elle trie des grains de maïs, elle nous fait un signe de la main en guise de bienvenue. L’ambiance est particulièrement paisible, les maisons sont rustiques mais les jardins sont très fleuris. Nous croisons 2 mulets chargés avec un jeune homme qui trotte à leur vitesse. Des bâches sur lesquelles sont étalée de grandes quantité de maïs sont étendues au sol, un bâton planté dans la terre avec un tissu au bout fait office d’épouvantail.
Nous arrivons à un deuxième hameau, Lluahar un jeune homme nous saute dessus et nous propose de dîner et dormir chez lui, il tient un petit espace de camping et quelques chambres. Nous avons porté notre tente nous optons donc pour le camping. Après un dîner typique soupe et quinoa, nous dormons en bord de rivière.
Le 15 mars 2017
Nous partons assez tôt, nous reprenons de la hauteur, le paysage est grandiose et nous voyons nos premiers condors d’assez près, ils tournent pour prendre de la hauteur et nous avons la chance de nous trouver à côté. C’est magique.
Le soleil est chaud mais il y a de l’air, nous marchons sur une piste assez large qui est en train d’être construite ou renforcée, des hommes travaillent là toute la journée pour permettre de stabiliser la route. Les pentes du Canyon rendent les manœuvres compliquées et à certains endroits on voit que la piste n’a pas résisté à des éboulements. Tout au long du chemin les points de vue se succèdent et on ne se lasse pas de ce paysage. On se sent si petits.
Nous traversons deux petits villages, là aussi les maisons sont simples mais les abords très coquets, les fleurs de toutes les couleurs sont magnifiques, une femme est courbée dans son jardin, elle porte son enfant sur le dos, emmailloté dans un tissus, il dort.
Nous cherchons un coin d’ombre pour déjeuner et ça nous prend du temps, il n’y a pas l’ombre d’un buisson, on finit par s’asseoir sur le porche d’une petite baraque qui semble abandonnée. Nous décidons de manger la tarte aux noix que nous avions prévu d’offrir à nos hôtes, elle pèse lourd dans le sac c’est donc le moment de se faire plaisir ! Elle est délicieuse et ça nous donne un bon coup de fouet pour repartir. Nous arrivons assez tôt à notre prochaine étape St Juan de Chucho. Nous trouvons une petite auberge où il n’est pas possible de planter la tente mais le prix de la chambre est modique et le monsieur si sympathique qu’on s’y installe sans hésiter.
Un couple s’installe dans la chambre à côté, il se met à pleuvoir des trombes nous nous abritons donc tous les 4 sous une paillote, ce sont des hollandais très sympathiques: Fana et Bindert. Nous passons la soirée avec eux, un groupe de suisses et d’autres hollandais. Le repas est délicieux, de l’alpaga et une soupe de légumes et riz très parfumée. Nous discutons beaucoup, ’ambiance est très chaleureuse.
Le 16 mars 2017
Notre réveil sonne tôt, c’est le jour de la remontée et nous n’avons pas envie de souffrir de la chaleur. Après la traversée sur un pont légèrement périlleux, je crois que je n’ai jamais senti mes jambes trembler aussi fort, nous grimpons doucement vers les falaises. Au loin nous ne parvenons pas à distinguer le chemin, et les parois semblent si verticales que nous ne savons pas trop à quoi nous attendre.
Il fait encore frais quand nous attaquons véritablement la montée, la lumière est magnifique et c’est encore des instants magiques que nous vivons. Les rayons du soleil envahissent peu à peu le canyon, roche après roche pour finir par inonder toutes les gorges.
La montée est très raide et comme nous pouvions l’imaginer assez vertigineuse, nous restons proches de la paroi. Le paysage est toujours aussi beau, nous l’admirons du coin de l’œil, nous restons concentré sur le chemin pour ne pas faire de faux pas. Nous sommes un peu essoufflés et le soleil est déjà brûlant mais nous voyons presque le bout. Je marche tranquillement quand un condor passe à deux ou trois mètres de moi. Je reste sans voix, entre la peur et l’émerveillement. Quel animal !
Nous nous installons peu après sur un belvédère pour les observer et pour admirer une dernière fois cet endroit. Nous avons la chance d’observer plusieurs condors au loin.
Nous arrivons au village en début d’après-midi, après avoir tourné un peu sur la place principale à la recherche d’un petit restaurant nous entrons dans une petite ruelle et par hasard nous tombons dans un minuscule boui-boui où déjeunent quelques autochtones. La cuisinière n’a pas l’habitude de servir des touristes visiblement et elle nous demande si on est sûr de vouloir manger son plat du jour. Nous sommes affamés et son plat est délicieux.
Nous profitons de l’après midi pour nous reposer, et visiter le village.
Le 17 mars 2017
Nous reprenons le bus vers Arequipa, le bus est censé démarrer dans quinze minutes, deux hommes s’affairent l‘un change une roue, l’autre a la tête dans le capot… Finalement nous partons presque à l’heure, il ne fait pas beau et le trajet nous semble interminable.
Nous retournons chez Rodolfo, à midi nous rencontrons par hasard les deux hollandais avec qui nous avions sympathisé au fond du canyon, nous improvisons alors de manger ensemble dans une chiffa, un restaurant chinois, c’est bien sympa de les retrouver et nous passons un bon moment. Après une jolie balade le long du fleuve nous préparons la suite.