Le 25 mai 2017
Après une merveilleuse nuit dans le bus nous retrouvons donc la belle Ciudad Blanca sous un soleil d’or et une température estivale. Nous allons chez Rodolfo qui est heureux de nous retrouver quelques semaines plus tard.
Nous repérons un superbe volcan qui domine le Canyon de Colca malheureusement aucune agence ne souhaite nous y accompagner, les prix proposés sont indécents, nous nous rabattons donc sur le fameux Misti, symbole de la ville. Nous trouvons facilement une agence.
Le 26 mai 2017
Nous partons le matin après avoir rencontré nos compagnons de route, un suédois d’une cinquantaine d’années, un très jeune Limeño et une canadienne de notre âge surexcitée, “Bridget Jones” en personne. Après une grosse heure de 4*4 nous voilà au pied de la bête, à 3400 mètres. Un guide ouvre la route l’autre la ferme et nous voilà partis, nos sacs sont lourds car en plus du matériel habituel, nous devons prendre 5 litres d’eau chacun pour la cuisine et l’ascension du lendemain mais la montée se fait bien. Nous arrivons au camp de base vers 17h sous quelques flocons de neige. Les guides nous préviennent que demain l’ascension sera très difficile, pas technique mais physiquement épuisante. Tout ça ne rassure pas notre canadienne qui a déjà beaucoup gémit pour arriver jusque-là.
A 18h soupe, spaghettis et au lit, il fait froid nous ne tardons pas à nous glisser dans nos duvets. Vers 21h la neige tombe à gros flocons et à minuit quand le réveil sonne c’est la tempête ! Pas de chance ! La veille quand on avait demandé au guide sur quel médium il regardait la météo il nous avait répondu qu’il ne la regardait pas car il y avait 2 saisons au Pérou et qu’en ce moment c’était la saison sèche. Ça faisait plus de deux mois qu’il n’avait pas neigé ici…
Le Suédois capitule tout de suite et retourne se coucher, de notre côté nous essayons de ne pas trop penser à ce qui nous attend, nous nous forçons à manger un peu et nous voilà partis aux lueurs de nos lampes frontales. Le guide nous prévient, nous devons marcher dans ces pas et nous ferons des pauses toutes les 45 min et ce pendant 6h pour atteindre le sommet à 5822 mètres vers 7h.
Rapidement deux groupes se forment, nous sommes avec le premier guide, Gaston. Attendre les autres à chaque pause nous refroidit trop, les guides décident donc de faire deux équipes, je tente d’encourager le jeune péruvien très déçu de ne pas venir avec nous et nous repartons.
Il fait nuit noire, la neige nous fouette le visage et glisse le long de nos ponchos. Tout est extrêmement silencieux à tel point que notre marche lente me fait penser à une procession religieuse. Notre guide met parfois un peu de temps pour choisir le chemin, nous traversons des pierriers immenses que la neige recouvre complètement. Il choisit bien ses pas et cela me rassure. Nous faisons une pause dans une petite grotte c’est un vrai luxe de pouvoir s’asseoir au sec quelques instants. Gaston regarde son téléphone, il est écroulé de rire, il lit un article facebook sur l’origine du Pisco il nous explique qu’il y a une vraie bagarre entre péruviens et chiliens sur l’origine de cet alcool si populaire. C’est tellement étonnant de voir que pour Gaston ce moment-là n’est autre que son quotidien, sa routine, alors que pour nous il est exceptionnel et chaque instant est important.
Nous repartons car le froid nous rattrape très vite. La brume se dissipe un moment et nous permet de voir la ville au loin avec toutes ses illuminations c’est superbe. Cela fait un moment que nous ne voyons plus les lumières de l’autre groupe et bientôt la tempête s’intensifie il est difficile de garder les yeux ouverts. Nous avons fait la moitié du chemin, le guide est content nous avons un bon rythme. Je ne ressens quasiment pas l’altitude, je ne sais pas si c’est la fatigue ou l’acclimatation.
Rémi qui est devant moi commence à traîner ses bâtons, il a la nausée. Je lui donne une petite goutte d’huile essentielle de menthe, le guide tente de l’encourager. Il nous propose de continuer plus doucement. Nous repartons donc à plus petit pas mais l’état de Rémi empire rapidement et nous décidons de redescendre.
C’est un peu dur d’abandonner mais nous nous étions promis d’être très vigilants avec l’altitude et au moindre souci de rebrousser chemin, d’autant que malgré son sérieux notre guide n’est pas équipé en cas de malaise et les secours au Pérou sont un peu rustiques, il ne vaut mieux pas trop y compter.
Je me retourne plusieurs fois, le sommet n’est pas si loin mais à voir la météo je me console en me disant qu’il n’est vraiment pas sûr que nous aurions pu voir quelque chose là-haut.
La descente est bien plus rapide évidemment même si Rémi après avoir été bien malade n’est pas très frais. Il est 5h, nous nous glissons dans nos duvets. Quand nous plions le camp il ne neige plus mais les nuages sont partout et nous ne voyons toujours pas le sommet.